TAKAHASHI Shunji
18(18) 159-171, Mar 25, 2024
Depuis le XVIe siècle, grâce aux pères jésuites, on dispose d’un accès plus facile aux informations provenant de la Chine. Des livres chinois apportés en Europe posent un très sérieux problème : ils décrivent des temps plus anciens que ceux figurant dans la Bible. Au cours de l’adaptation de l’histoire chinoise à l’histoire biblique, un certain nombre de pères jésuites, qui insiste sur la seule authenticité de la Bible, adopte le « figurisme ». Nicolas Fréret, membre de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, est un des savants qui s’en prend à ce courant de pensée. Dans cet article, on examine l’anti-figurisme que Fréret déploie dans ses dissertations sur la chronologie chinoise. Fréret tente en effet d’établir la certitude de la chronologie chinoise dans ses dissertations. Paradoxalement, tout en attaquant le figurisme, il vise à la conciliation de la chronologie chinoise avec celle de la Bible au lieu d’essayer de remettre en question celle-ci. Comme le but de Fréret est avant tout de critiquer le figurisme, il ne se hasarde pas à contester la valeur historique de la chronologie biblique sous prétexte de l’ancienneté de la chronologie chinoise. Pour Fréret, la Bible constitue également un document historique important qui nous aide à construire une histoire du monde.